Les vingt pièces de monnaie

La collection numismatique du musée de Sainte Hyacinthe, ramenée d'Égypte par le R.P. St-Onge présente un petit lot de vingt pièces de monnaie.
Elles se séparent en deux groupes, le premier étant composé de six pièces frappées à l’Époque Ptolémaïque (323-30 av. J.-C.) et l’autre de dix pièces d'époque du Haut Empire romain (30 av. J.-C. -295 ap. J.-C.).

Le système monétaire des Ptolémées a tout dernièrement été remanié. A l’ancien système utilisé par Svoronos qui classait les monnaies par rois, un nouveau système lui a été préféré, par séries, ce qui correspond mieux à la réalité des réformes monétaires, rarement liées à l’avènement du roi . Dans ces monnaies lagides, outre les monnaies du début et de la fin de la période, c’est surtout les grandes monnaies à l’effigie de Zeus Ammon qui ont retenu l’attention du propriétaire, ces grands bronzes frappés au milieu du troisième siècle av. J.-C.

Les monnaies romaines offrent souvent une grande variété d’images au revers, alors que le portrait de l’empereur régnant trône sur le droit de la pièce. On voit ici un hippopotame, un des nombreux animaux exotiques représentés sur les monnaies romanes d'Égypte, et puis surtout une série de divinités (Nil, Alexandrie, Isis et Sérapis) qui nous renseignent sur les cultes rendus en Égypte romaine.

Toutes d’origine égyptienne et frappée par l’atelier d’Alexandrie, ces monnaies sont sans doute le produit d’achats effectués auprès de fouilleurs. L’état de conservation ainsi que leurs types relativement communs n’en font pas des monnaies exceptionnelles. Les monnaies sont toutes en bronze, à l’exception des numéros e.2000.1686 et e.2000.1687, deux monnaies de Vespasien et de Néron, composées de billon, un bronze allié à un peu d’argent (c. 15%). Il ne semble pas qu’il y ait eu dans les achats une volonté de collectionner certains types mais il s’agit plutôt d’achats d’aubaine. En effet, si une large palette chronologique est représentée, les trois monnaies identiques de Trajan ont bien l’air de provenir d’un lot.

Si ce lot n’est pas d’une valeur exceptionnelle pour le collectionneur, il offre tout de même un témoignage vivant des monnaies dont pouvait disposer le peuple égyptien en Égypte hellénistique et romaine. On voit bien quel effet ces objets du quotidien pouvaient faire sur les visiteurs du XIXe siècle à la recherche des vestiges de l'Égypte ancienne.

Thomas Faucher Chercheur associé à l’IRAMAT, CNRS, France

Pour en savoir plus

Monnaies et numismatique alexandrines.

Centre d'Études Alexandrines.

O. Picard et Fr. Duyrat (dir.), (2005), L'Exception égyptienne? Production et échanges monétaires en Égypte hellénistique et romaine, IFAO.

S. Bakhoum et Bibliothèque Nationale de France, (1998). Sylloge Nummorum Graecorum. France Vol 4: Bibliothèque Nationale, Département des Monnaies, Médailles et Antiques: Alexandrie, BNF.

J. Svoronos, Ta nomismata tou kratous ton Ptolemaion, Athènes, 1904-1908.